OnlyFans est une plateforme sociale principalement utilisée pour diffuser des contenus pornographiques. Les créateurs et les créatrices créent des photos et des vidéos érotiques qu’ils partagent directement à leur communauté contre un abonnement payant. Ces dernières semaines, la plateforme a annoncé son souhait d’interdire ces contenus pour davantage mettre en avant les créateurs culinaires ou sportifs par exemple. Les nombreuses plaintes qui ont suivi l’annonce ont néanmoins réussi à pousser l’entreprise à revenir sur sa décision de bannir les contenus sexuellement explicites.
Pourquoi OnlyFans a envisagé de supprimer les contenus pornographiques ?
Alors que la plateforme permet aux vidéastes X, amateurs et professionnels, de développer un lien privilégié avec leur communauté en échange d’un abonnement entre 4,99$ et 49,99$ par mois (entre 4 et 43€), OnlyFans a annoncé que les contenus explicites seraient interdits à partir du mois d’octobre. En cinq ans d’existence, l’application revendique 130 millions d’utilisateurs dans le monde. Ces utilisateurs, qu’ils soient créateurs ou abonnés, ont particulièrement augmenté depuis janvier 2020 ce qui a multiplié les revenus de la plateforme par six en un an. Pour autant, le site ne s’est jamais défini comme un site pornographique, c’est pourquoi il n’a pas hésité à envisager l’interdiction de ces contenus. Cette décision est notamment motivée par les grands acteurs bancaires qui sont utilisés comme service de paiement en ligne. Par ailleurs, l’entreprise cherche de nouveaux investisseurs pour le lancement d’une application mobile censurée. Le Financial Times estime que cette décision réduirait de 25% les revenus d’OnlyFans au cours des prochains mois ce qui pourrait expliquer le revirement de situation. Le fondateur et directeur général du site, Tim Stokely, a effectivement annoncé que les contenus X restaient finalement acceptés sur le site suite aux nombreuses critiques des utilisateurs.
La question de la nudité sur les réseaux sociaux
Tumblr et Patreon
OnlyFans n’est pas le seul réseau social a être confronté à la question des contenus pornographiques. Tumblr, le site de blogging, avait également décidé d’interdire les contenus explicites ce qui avait notamment frustré les artistes qui s’appuyaient sur la plateforme pour partager leurs nus artistiques. Moins d’un an plus tard, la plateforme avait perdu la majorité de ses créateurs. Elle a finalement été rachetée par Automatic, la maison-mère de WordPress, pour 3 millions d’euros. Patreon, l’application de mécénat digital, a trouvé un compromis en autorisant les créations artistiques érotiques mais en rejetant les contenus trop explicites. La plateforme a ainsi définie une ligne de démarcation très claire entre pornographie et érotisme ce qui semble, pour le moment, lui réussir.
La prime à la nudité d’Instagram
l’an dernier, une étude des associations AlgorithmWatch, European Data Journalism Network et Mediapart dévoilait l’existence d’une “prime à la nudité” sur Instagram. Les résultats de l’enquête suggèrent que les photos en maillot de bain seraient particulièrement mises en avant par la plateforme. Plus précisément, les photographies de femmes en sous-vêtement ou maillot de bain seraient montrées 1,6 fois plus que celles habillées ; celles des hommes apparaîtraient 1,3 fois plus. Le porte-parole de l’entreprise avait alors dénoncé une étude biaisée en expliquant que l’algorithme n’affiche que les contenus qui plaisent particulièrement aux utilisateurs. En parallèle, l’application, qui appartient à l’écosystème Facebook, effectue un “shadow ban”, c’est-à-dire une mise en oubli, des publications trop explicites. Les utilisateurs reprochent régulièrement à Instagram de pénaliser des photographies de manière arbitraire en défavorisant les handicapés ou encore les personnes en surpoids par exemple.
Les streams hot tub sur Twitch
Ces derniers mois, Twitch a accueilli un nouveau format dans lequel certaines créatrices et certains créateurs, généralement vêtus d’un maillot de bain, échangent avec leur communauté dans des piscines gonflables. Pendant plusieurs mois, ces contenus sont apparus dans la catégorie “Just Chatting”. Certains streamers et leurs spectateurs n’ont pas manqué de critiquer les créatrices et ce nouveau format. Ils reprochent précisément une politique “deux poids, deux mesures” de la part de Twitch qui tolère ces contenus tandis que la plateforme n’hésite pas à bannir des créateurs qui partagent malencontreusement des œuvres d’art dévoilant un être vivant nu. L’entreprise a finalement choisi de réserver une catégorie dédiée à ces streams afin de mieux maîtriser leur exposition. Elle a néanmoins rappelé que les contenus sexuellement explicites restent interdits sur la plateforme.
De manière générale, la nuditié est décriée sur les réseaux sociaux. Les algorithmes ne font effectivement pas la distinction entre les contenus artistiques et les contenus érotiques. Les récentes décisions de OnlyFans face aux contenus explicites révèlent de l’ambiguïté des plateformes.