Certains YouTubeurs ont pour habitude de réagir aux actualités de leurs collègues créateurs de contenus digitaux. C’est notamment le cas de Marvel Fitness qui a d’abord commencé par donner des conseils pour sculpter son corps avant de gagner en notoriété grâce aux vidéos “drama” dans lesquelles il critiquait des YouTubeurs fitness. Le 21 septembre, Habannou S. a été condamné par le tribunal de Versailles à deux ans de prison dont un ferme avec mandat de dépôt pour harcèlement moral sur neuf personnes et violences sur avocat. Il est, en plus, interdit d’exercer une activité de création sur les réseaux sociaux ou sur tout site internet à l’avenir.
De la vidéo YouTube au harcèlement en ligne
Au début, Habannou S., plus connu sous le pseudonyme de Marvel Fitness sur YouTube où il était suivi par 146 000 abonnés, critiquait ses collègues influenceurs en vidéo. Lorsque Aline “Dessine” Marganne a répondu à une vidéo la concernant, il n’a pas hésité à en publier une autre dans laquelle il qualifiait la YouTubeuse de “folle”. Cinq des neufs plaignants avec une histoire similaire étaient présents lors du procès qui s’est déroulé lundi 21 septembre au Tribunal de Versailles. Maître Laure-Alice Bouvier, avocate des parties civiles, fait également parti des plaignants. Elle accuse Marvel Fitness de l’avoir poursuivi, caméra au poing, alors qu’elle lui demandait à plusieurs reprises d’arrêter de la filmer. Chacun a témoigné du harcèlement moral subi, pendant des mois, sur les réseaux sociaux suite à une vidéo “drama” du YouTubeur. La communauté de Marvel Fitness a effectivement repris les expressions de l’influenceur pour attaquer moralement les influenceurs visés. Ils ont subi des insultes, des menaces et des appels au suicide au quotidien sur les réseaux sociaux avant de décider de porter plainte.
Le procès du harcèlement en ligne
Ce procès est avant tout une manière de lutter contre le harcèlement en ligne. Le YouTubeur invitait régulièrement ses abonnés à “go raid” les influenceurs critiqués. Cette expression est un jugé comme étant un appel à la haine ; l’objectif est donc de faire prendre conscience à l’influenceur de sa responsabilité vis-à-vis du message diffusé en ligne. Marvel Fitness a d’ailleurs publié une vidéo présentant son point de vue dans laquelle il s’interroge sur la responsabilité du créateur de contenus vis-à-vis de sa communauté.
Le procureur a ainsi accusé l’influenceur d’être à l’origine des messages de haines envoyés en ligne par ses abonnés aux victimes. Plus précisément, il a dénoncé un comportement qui visait à détruire grâce aux réseaux sociaux. Il réprime donc le harcèlement de meute encadré par la loi Schiappa d’août 2018. Celle-ci prévoit une peine de deux à trois ans de prison et 30 000€ d’amende en cas de harcèlement orchestré menant à une dégradation de la vie des victimes. C’est néanmoins la première fois qu’un accusé fait face à une telle condamnation. Le procureur avait pour sa part requis 12 mois d’emprisonnement dont huit ferme, 20 000€ d’amende et l’interdiction de continuer une activité en rapport avec les réseaux sociaux. Le tribunal de Versailles aura finalement opté pour une peine exemplaire s’élevant à deux ans de prison dont un ferme avec mandat de dépôt et interdiction de pratiquer une activité en rapport avec les réseaux sociaux.
#FreeMarvel : la communauté engagée
Les abonnés de Marvel Fitness ont montré leur soutien à leur YouTubeur préféré en criant “Free Marvel” devant le tribunal. Ce slogan est ensuite rapidement devenu un slogan sous la forme d’un hashtag. Le lendemain du procès, le hashtag était la troisième tendance française la plus discutée sur Twitter. D’autres influenceurs ont pris la parole à ce sujet à travers des vidéos YouTube, des tweets mais aussi en live. Des vidéos YouTube des plaignants sont également apparue en ligne à la suite du procès dans l’optique de raconter leur point de vue en ligne.
Les abonnés dénoncent effectivement le manque d’impartialité en plus des erreurs de dossier du procès. Ils rappellent également que d’autres personnalités réputées pour inciter à la haine restent, à ce jour, impunies. La condamnation est comparée à celles d’autres crimes jugés plus graves mais dont la sentence est moins lourde. Ils dénoncent donc une injustice et tentent de se mobiliser pour aider l’influenceur.
Maître Goudarzian, l’avocat d’Habannou S., a d’ors et déjà annoncé qu’il ferait appel.
Cette affaire met une nouvelle fois en avant la question de la responsabilité des messages partagés par les influenceurs. Les réseaux sociaux mettent en place de plus en plus d’actions pour lutter contre le harcèlement en ligne mais cette première condamnation pourrait impacter plus profondément la lutte contre la haine sur internet.